Devenir parent et reprendre le travail est l'une des transformations les plus importantes que vivent les femmes au cours de leur vie. Cela s'accompagne d'un risque accru d'épuisement professionnel (burnout). Les jeunes mères sont particulièrement exposées dans le secteur de la Tech, car elles doivent assumer des fonctions exigeantes, tout en composant avec un de nouvelles responsabilités à la maison et en traversant un changement majeur de leur identité.
Pourtant, elles ne bénéficient que de peu ou pas de soutien, en particulier de la part de leurs employeurs. Selon une étude de 2018, 60 % des salariés interrogés estiment que leur employeur « ne fait pas grand-chose » pour les aider à équilibrer leur vie pro et perso.
Le chamboulement monumental que représente l'arrivée d'un nouvel enfant entraîne déjà un stress important pour les parents, qu'ils soient ceux qui accouchent ou non (parents LGBTQ, par PMA, ou parents adoptifs par exemple). Sur le plan physique, le manque de sommeil, les modifications de la structure du cerveau et les changements hormonaux massifs sont communs et peuvent sérieusement affecter leur capacité à fonctionner. Sans parler du risque de dépression post-partum ou post-adoption, voire de problèmes de santé mentale plus graves, tels que le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) après une naissance traumatisante, qui peuvent persister pendant des mois.
Au sein du foyer, les femmes continuent d'assumer la majeure partie des tâches ménagères et de l'éducation des enfants. L'Institut Européen pour l'Egalité entre les Hommes et les Femmes indique que « les femmes salariées consacrent environ 2,3 heures par jour aux tâches ménagères ; pour les hommes salariés, ce chiffre est de 1,6 heure. L'écart entre les sexes en matière de participation aux tâches ménagères est le plus important chez les couples avec enfants, soit 61 points de pourcentage ». Reprendre le travail signifie qu'il faut trouver le moyen d'intégrer davantage de responsabilités dans les mêmes 24 heures et jongler en permanence avec des priorités contradictoires.
La reprise du travail peut être ressentie comme l'arrivée dans une nouvelle entreprise, et les jeunes mères en font l'expérience sans la considération et les ajustements habituellement accordés aux nouvelles recrues. Même lorsqu'elles reviennent dans la même entreprise et au même poste, leur service peut avoir fait l'objet d'une réorganisation, leur manager ou les membres de leur équipe peuvent être nouveaux, et les produits, les systèmes et les processus peuvent avoir complètement changé en leur absence.
Sur le plan émotionnel, des sentiments forts peuvent apparaître, tels que la culpabilité de laisser son enfant derrière soi, un sentiment d'inadéquation ou une perte de confiance. Par exemple, si leur poste était occupé par quelqu'un d'autre pendant leur congé, les mères qui reviennent peuvent avoir l'impression de ne pas être aussi performantes que leur remplaçant(e). Elles peuvent également comparer leur progression de carrière à celle d'autres collègues qui ont été promus pendant leur absence et avoir l'impression d'être en retard et de devoir rattraper ce temps "perdu".
Enfin, les injonctions sociétales omniprésentes ne font qu'aggraver ces sentiments, donnant aux femmes l'impression de devoir se conformer à des standards inatteignables. Depuis plus de 40 ans, le mythe de "Superwoman", qui mène à la fois une carrière brillante tout en élevant une famille épanouie, est omniprésent dans la culture populaire. Ce mythe est aujourd'hui exacerbé par les réseaux sociaux, où les fils d'actualité sont inondés d'images de mères supposément parfaites qui montrent à quel point il serait facile de tout avoir et d'exceller sur tous les plans.
Le stress, l'isolement et la pression de la performance sont des éléments clés de l'épuisement professionnel ou burnout, qui poussent d'innombrables femmes à se débattre, à quitter leur emploi, voire à abandonner complètement le marché du travail.
Alors comment éviter que cela ne se produise ? Comment les mères peuvent-elles prendre les choses en main pour que leur retour au travail soit positif ? Les 90 à 180 jours qui suivent un congé parental marquent le début de la vie d'un parent qui travaille. Il est important d'aborder cette transition d'une manière qui soit sécurisante, valorisante et enrichissante.
Bien que chaque situation soit unique, mon travail de coach m'a permis de constater que les stratégies suivantes sont efficaces pour vous aider à aborder votre retour au travail de façon plus sereine et à poser des fondations solides pour un équilibre pro/perso durable en tant que mère qui travaille:
Priorisez votre santé physique, en commençant par dormir suffisamment. Le sommeil est le socle sur lequel tout le reste repose. Il n'est pas toujours possible d'atteindre les 7 à 9 heures quotidiennes recommandées, mais le fait de faire du sommeil une priorité absolue et de s'y consacrer consciemment peut aider.
Essayez la méditation pleine conscience. Il s'agit d'une pratique assez simple, qui n'empiète pas sur votre emploi du temps. Vous pouvez la pratiquer quelques minutes par jour en mangeant, en marchant, en vous brossant les dents ou sous la douche. Il a été prouvé que la pleine conscience réduit l'anxiété et le stress, stimule la mémoire et la concentration et améliore la régulation émotionnelle.
Demandez du soutien à la maison. Cela peut sembler évident, mais votre conjoint(e), la famille ou les amis sont des ressources essentielles sur lesquelles nous ne comptons peut-être pas assez. Parlez-leur de vos besoins. Permettez-leur de vous aider et aidez-les à vous aider.
Abandonnez le perfectionnisme. Apprenez à vous contenter de ce qui est suffisant et demandez-vous régulièrement ce qui est vraiment essentiel et ce qui peut être supprimé de votre emploi du temps.
Soyez attentive à votre discours interne et essayez d'adopter un ton plus encourageant et positif. Le langage que nous utilisons avec nous-mêmes peut être excessivement dur, alors qu'il ne nous viendrait pas à l'idée de parler à une amie en ces termes.
Clarifiez votre « pourquoi ». Demandez-vous pourquoi il est important pour vous de poursuivre une carrière. Quelles valeurs celle-ci nourrit pour vous ? En quoi cela fait-il de vous une meilleure mère ? Quels avantages cela apporte-t-il à votre famille ? La clarté de votre « pourquoi » vous aidera à être assurée dans vos choix et à rester ferme face aux influences extérieures.
Définissez votre vision et vos priorités. A quoi votre vie de mère qui travaille va ressembler? Vos objectifs professionnels ont-ils changé ? Combien de temps souhaitez-vous consacrer à votre famille ? Sur quoi devrez-vous faire des compromis ? En définissant le scénario idéal, vous vous fixez un objectif à atteindre. À partir de là, des priorités claires se dégageront, qui constitueront une boussole pour prendre des décisions difficiles et des raisons solides pour fixer vos limites lorsque ce sera nécessaire.
Négociez vos conditions de retour. Une fois que vos priorités sont claires, parlez aux RH ou à votre manager des ajustements dont vous pourriez avoir besoin et renseignez-vous sur les avantages et les politiques de l'entreprise qui sont à votre disposition et qui pourraient vous aider.
Rapprochez-vous d'autres parents sur votre lieu de travail. Renseignez-vous pour savoir s'il existe un groupe ou club interne pour les parents dans votre entreprise, qu'il soit officiel ou informel. Si ce n'est pas le cas, peut-être avez-vous un(e) collègue de confiance qui est également parent qui serait être disposé(e) à vous conseiller,ou à vous épauler.
Fixez des limites et respectez-les. Si vous devez partir à une certaine heure pour aller chercher votre enfant, par exemple, bloquez du temps dans votre agenda et respectez-le. Cela vous aidera non seulement à vous organiser, mais aussi à normaliser ce comportement pour vos collègues et pour les autres parents. Si cela vous semble intimidant, vous pouvez commencer par des poser des limites plus accessibles à la maison, où les enjeux ne sont pas aussi importants. Par exemple, décidez qui s'occupe de telle ou telle tâche et tenez-vous-en à cette règle, quoi qu'il arrive. En développant ce "muscle", vous retrouverez progressivement votre autonomie et votre sentiment de maîtrise.
Constituez un réseau de soutien. Rejoignez des communautés ou des cercles de parole, que ce soit en personne ou via les réseaux sociaux. Ils constituent une excellente ressource pour lutter contre l'isolement et obtenir des astuces concrètes, des conseils et du réconfort de la part d'autres mères / parents.
Défendez les intérêts des mères. Si vous vous sentez capable de vous impliquer et que vous êtes en position de le faire, plaidez en faveur des mères et des parents sur votre lieu de travail. Vous pouvez rejoindre ou créer une association interne ou un groupe de discussion pour les parents. Il a été prouvé que le fait d'aider et de soutenir d'autres personnes, et de collaborer avec d'autres pour un but commun, est bénéfique pour notre santé mentale et notre bien-être.
Faites appel à un coach. Tout cela peut sembler insurmontable. Mais vous n'êtes pas obligée de traverser cette période seule. Un coach certifié vous offrira un espace sécure où vous pourrez vous exprimer et trouver les ressources nécessaires pour planifier votre retour d'une manière qui réponde à vos besoins.
Loin de moi l'idée de minimiser l'ampleur de la tâche que représente le retour au travail après un congé maternité, ou que cette liste puisse résoudre toutes les difficultés que vous allez rencontrer. Pour être tout à fait honnête, il existe une multitude de facteurs sur lesquels vous n'aurez pas de contrôle et que vous ne pourrez pas prévoir à l'avance.
Malgré cela, les actions figurant sur cette liste sont entièrement sous votre contrôle, et il est important que vous vous sentiez maîtresse de votre transition. Votre bien-être est en jeu, et c'est l'aspect le plus important d'un équilibre sain entre votre vie professionnelle et votre vie de maman.
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